Place de l’IRM dans le bilan du cancer de la prostate

M. Martins Favre – Imagerive – Radiologie La Colline
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez les hommes et la deuxième cause de mortalité par cancer, après le cancer du poumon. La fréquence du cancer de la prostate augmente avec l’âge, son incidence augmente entre 50 et 75 ans.

 

Fusion d’image morphologique en T2 avec l’image fonctionnelle de diffusion b1000

 

Ce cancer touche un homme sur dix et est à l’origine du décès d’un homme sur trente.

Michael Dupont

Courtesie du Prof Michael Dupont – Chef du service de radiologie CHU Mont Godinne Belgique
www.chumontgodinne.be

Le diagnostic de cancer de la prostate peut être fait soit lors de la réalisation de biopsies transrectale guidée par échographie, soit lors d’une résection endoscopique de la prostate.
On suspecte généralement un cancer lorsque le PSA (marqueurs de la prostate) est anormalement élevé ou, s’il est encore dans la norme, lorsque son taux augmente de manière importante lors de 2 dosages successifs.
D’où, l’importance d’un suivi régulier.
L’examen de la prostate par le toucher rectal permet également de dépister des cancers par la palpation d’une induration suspecte, d’un nodule.
Les « petites » anomalies sont évidemment mieux perçues par le doigt expérimenté d’un urologue.
Notez d’emblée que les petits cancers n’ont en général aucune répercussion sur la voie urinaire et que les patients sont donc le plus souvent asymptomatiques.
Ils peuvent cependant présenter des troubles de la miction mais ceux-ci sont le plus souvent dus à l’adénome coexistant.

Le cancer est parfois découvert à un stade plus avancé. Il existe alors des signes plus marqués, soit locaux (troubles urinaires), soit généraux (douleurs osseuses, altération de l’état général).
L’une des informations les plus précieuses au plan pronostique est l’estimation du degré de différentiation de la tumeur, appréciée par le score de Gleason dont les valeurs s’étendent sur une échelle de 4 à 10.
Les tumeurs bien différenciées évoluent en règle lentement à l’inverse des tumeurs peu ou indifférenciées (score de Gleason 8 à 10).
Les tumeurs moyennement différenciées ont un pronostic intermédiaire par rapport aux précédentes.
Le développement des traitements conservateurs explique la place croissante de l’IRM. En 1989 ont comptait 90% de cancer palpable pour seulement 17% actuellement.

Rôle de l’IRM dans le bilan du cancer de la prostate

  • Bilan devant une élévation suspecte du PSA à biopsies négatives
  • Détection des lésions suspectes (versus surveillance active)
  • Guidage des biopsies (biopsies par IRM en développement)
  • Extension tumorale (staging T)
  • Évaluation ganglionnaire locale et abdominale
  • Bilan avant radiothérapie
    => Meilleure délimitation des contours prostatiques qu’au CT
    => Lésion visible ➨ boost de dose sur la lésion

Cancer bifocal bilatéral de la zone périphérique

Protocole d’examen :

Analyse morphologique

FSE en pondération T2 : permet la démonstration de l’anatomie zonale de la prostate et de la région péri prostatique.L’analyse systématique de la glande centrale, de la zone périphérique, de la capsule, du plexus vasculo-nerveux, du canal spermatique et de l’urètre prostatique ainsi que les vésicules séminales, le rectum, la vessie et les structures digestives.
Performance du T2 pour les néoplasies de prostate :

  • Sensibilité de 77 %–91%
  • Spécificité de 27%–61%

FSE en pondération T1
L’intérêt est la détection des zones hémorragiques qui sont hyperintenses en T1 et hypointenses en T2.
Le délai de réalisation de l’IRM après des biopsies est de 6-8 semaines afin d’éviter les faux positives.

Analyse fonctionnelle

Diffusion :

L’acquisition est rapide. Cette technique associée à l’analyse morphologique est un outil précieux dans le diagnostic des pathologies prostatiques.
Le cancer de la prostate a un ADC (coefficient de diffusion apparent) significativement plus abaissé que le tissu prostatique bénin. Inversement, le tissu tumoral présente une hyperintensité sur le b1000 et cela évoque une plus forte probabilité de Gleason élevé.

Perfusion :

Le but est d’évaluer la cinétique du rehaussement de la prostate. En raison de la néo-vascularisation du cancer prostatique, il existe une diffusion précoce et rapide du produit de contraste vers l’insterstitium. Une prise de contraste suspecte présente une prise de contraste précoce et un washout rapide.

Spectroscopie :

Il est nécessaire un logiciel spécifique et le temps d’acquisition est long.
Il s’agit d’une technique qui étudie la chute du taux de citrate par diminution de la sécrétion du cancer et l’élévation du taux de choline par la prolifération des cellules. L’intérêt est marqué dans la détection et surtout dans les récidives.

 

Bibliographie :

  1. IRM dynamique quantitative et localisation du cancer de prostate non palpable . Quantitative dynamic MRI and localisation of non-palpable prostatecancer . F. Cornud, F. Beuvon, F. Thévenin, L. Chauveinc, A. Vieillefond, A. Descazeaux, T. Flam.. http://dx.doi.org/10.1016/j.purol.2009.01.007
  2. MRI and prostate cancer: a paradigm shift. L. Lemaitre ,O. Rouvière, R. Penna-Renard, A. Villers, P. Puech.. http://dx.doi.org/10.1016/S0221-0363(08)73909-X
  3. Dynamic Contrast Enhanced MRI of ProstateCancer: Correlation with Morphology and Tumour Stage, Histological Grade and PSA. ANWAR R. PADHANI, CONNIE J. GAPINSKI, DAVID A. MACVICAR, GEOFFREY J. PARKERb, JOHN SUCKLING, PATRICK B. REVELL, MARTIN O. LEACH, DAVID P. DEARNALEY, JANET E. HUSBAND. http://dx.doi.org/10.1053/crad.1999.0327